
La ministre des Pêches, des Océans et de la Garde côtière, Diane Lebouthillier, n’est pas prête à parler de moratoire, malgré un taux de capture global de 24 % du quota de la crevette dans l’Est du Canada.
Faisant le point mardi matin à la suite de la suspension des activités à l’usine Marinard de Rivière-au-Renard vendredi dernier et la mise à pied des quelque 150 travailleurs, la députée de Gaspésie-Les Îles-de-la-Madeleine veut avoir un portrait global des pêches avant d’avancer des hypothèses.
« On va attendre d’avoir toutes les informations avant de prendre une décision. Je veux avoir le portrait de la situation. Il y a des zones qui vont mieux, des zones qui ne vont vraiment pas bien. Je comprends que vous voulez toutes les réponses, mais ce serait malaisant de donner de mauvaises informations », commente Mme Lebouthillier.
Ayant connu le moratoire sur le poisson de fond dans les années 1990, Mme Lebouthillier ne voudrait pas se rendre à cette étape.
« Il faudra regarder quel est l’état actuel des stocks. Il y a un travail qui devra se faire aussi au niveau du sébaste. Est-ce que le sébaste va tout régler ? Le sébaste ne règlera pas tout », avance l’élue.
« Il n’y aura pas d’annonce qui se fera à moyen et long terme », ajoute l’élue sur une annonce hypothétique d’une pêche pour le sébaste.
« Ce qui se passe sur terre au niveau des changements climatiques, la même chose est en train de se passer sous l’eau et plus que jamais on a besoin de travailler en collaboration avec les scientifiques. On a besoin de données », affirme Mme Lebouthillier.
La collaboration se fera autant avec les pêcheurs que l’industrie que les acteurs de la transformation.
Alors qu’une cinquantaine de travailleurs de l’usine Marinard ne se sont pas qualifiés à l’assurance emploi, Mme Lebouthillier mentionne être à la recherche de solutions.
« Je suis en contact avec mes collègues des ministères concernés », précise Mme Lebouthillier.
« Nos discussions avec les différents cabinets portent sur une façon rapide pour faire en sorte de qualifier ce personnel », indique de son côté le député provincial de Gaspé et adjoint aux Pêches, Stéphane Sainte-Croix.
Par le passé, Québec a créé des programmes de formation afin de permettre aux gens de toucher des prestations d’assurance emploi.
« Tout est sur la table en termes de mesures et d’initiatives qui pourraient porter sur la formation pour se qualifier. On n’exclut aucune alternative », ajoute le député provincial, mais ne peut donner de date précise pour une telle mesure.
Un comité gouvernemental incluant le secteur de la capture et de la transformation était déjà en place depuis juillet pour discuter de la crise qui se tramait au niveau de la crevette.
Certains acteurs mentionnaient en coulisse que le dossier ne cheminait pas assez vite.
« On est impatient et je peux comprendre les parties prenantes à mettre sur la table des solutions pérennes. Mais il faut avoir une connaissance assez complète de l’écosystème et de voir les opportunités qui se présentent devant nous considérant l’ampleur des problèmes qu’on va vivre dans les prochaines années », répond M. Sainte-Croix.
Sans nier qu’il y a une diminution de la biomasse, l’Office des pêcheurs de crevette du Québec met en relief le taux de capture obtenu jusqu’à maintenant alors que des pêcheurs ne sortent plus en mer.
Des conditions économiques sont aussi en partie responsable de la situation vécue cette année.
« Je pense principalement au prix du carburant et les prix que les transformateurs peuvent nous payer. Présentement, on continuerait à pêcher alors que la majorité a arrêté si les conditions économiques étaient favorables », dit le directeur de l’office, Patrice Element, qui croit que les crevettiers auraient probablement été chercher la majorité de leurs quotas.
La zone Esquiman donne des taux de capture intéressants, dit-il.
Il souligne aussi que les pêcheurs de Terre-Neuve-et-Labrador n’ont pratiquement pas pêché cette année.
« Considérant les facteurs qui expliquent la baisse de biomasse seront encore là, c’est inquiétant à court terme. On espère que la biomasse va se rétablir, mais on demeure réaliste pour le court terme », admet M. Element.
« À long terme, la pêche et la transformation du sébaste peuvent être des options intéressantes. Mais il faut être capable de le vendre. Entre-temps, ce qu’on souhaite, c’est que les différents organismes aident l’industrie pour qu’elle reste en vie jusqu’à ce qu’on puisse transformer soit à nouveau de la crevette ou du sébaste », poursuit M. Element.
Diane Lebouthillier a mentionné durant son point de presse qu’un avis scientifique sera disponible à la fin d’octobre.
Collaboration Nelson Sergerie – Magaspesie.ca