
Depuis hier vendredi 20 janvier et jusqu’au samedi 28 janvier, du lundi au samedi de 13 h à 17 h, l’artiste matanaise Geneviève Thibault propose l’installation audio-vidéo « Corps habité », à Espaces F, au complexe culturel Joseph-Rouleau de Matane.
En 25 minutes, elle présente les réactions et commentaires d’une quinzaine de religieuses, des Ursulines, revisitant virtuellement la chapelle de leur monastère qu’elles ont quittée, il y a quelques années, au cœur du Vieux-Québec. Elles sont âgées de 90 ans en moyenne.
Réactions verbales et corporelles des utilisatrices
Lors d’une journée de tournage dans une résidence pour aîné.e.s à Beauport, Geneviève Thibault a observé les différentes réactions verbales et corporelles des utilisatrices du casque de réalité virtuelle tandis qu’elles voyageaient dans cet espace qui leur est cher.
Son installation est faite de trois projections d’images tournées en haute qualité 4 K, d’un faux plancher en bois et d’un environnement sonore quadriphonique créé par Thibaut Quinchon.

« Ça peut expliquer que je sois émue » de dire une religieuse
« Tout est beau, tout est calme, commente une des religieuses dans la vidéo. De revoir la chapelle ici, c’est comme un retour après une mission qui a duré au-delà de 65 ans. Ça peut expliquer que je sois émue. Je reviens quand ma vie achève.
J’ai maintenant 91 ans, mon adolescence est terminée, ma vie de maturité aussi. Alors j’attends. Je suis revenue à la chapelle avec ce que vous m’offrez, mais pour partir bientôt. Ma mission sera accomplie. »
Extrait vidéo de l’installation :
La suite de « Blanc »
Entre 2017 et 2019, Geneviève Thibault a réalisé « Blanc », un projet photographique et sonore qui témoigne du départ des Ursulines de leur monastère.
« Contrairement à mes projets précédents, dit-elle, l’habiter n’est pas directement montré. J’explore ici la traduction d’un espace, et ce, par différents intermédiaires – la réalité virtuelle, la description verbale, le corps, l’empathie. Le confinement m’a amenée à réfléchir à l’intérieur depuis l’intérieur. »
Geneviève Thibault s’interroge sur les supposées frontières entre l’espace public et l’espace privé, le tissu social et le territoire intime. Elle en est à sa deuxième exposition au centre d’artistes matanais. À l’été 2016, elle y a présenté « En attendant l’été ». Enseignant la photographie au Cégep de Matane, elle poursuit une maîtrise en pratiques des arts à l’Université du Québec en Outaouais.
