Éphémérides du 29 mai : Mgr Plessis visite Matane en 1812

Monseigneur Joseph-Octave Plessis. Photo : Collection du Musée national des beaux-arts du Québec

Le 29 mai 1812, la goélette transportant Mgr Joseph-Octave Plessis arrive devant Matane, à la pointe du jour. Voici qu’on peut lire dans le cahier numéro 7 des Visites à l’Archevêché de Québec

Le capitaine qui n’y avait jamais abordé, s’approche du havre en louvoyant, mais ne pouvant en reconnaître l’entrée d’une manière assez sûre il décharge quelques coups de fusil qui ne sont pas attendus à terre, et hisse son pavillon au mât de misaine.

Donner la messe à cette chrétienté

Ce signal est aperçu par quelques femmes. Elles s’empressent de chercher des bateliers. Une demi-heure après une barge sort du havre et vint à bord. Il était environ huit heures; tout le monde de la goélette avait déjeuné. Le prélat seul s’en était abstenu dans l’espérance bien fondée de pouvoir donner la messe à cette chrétienté qui ne l’avait pas entendue (au moins dans l’endroit] depuis cinq ans.

Il n’y avait pas deux milles à faire pour rencontrer le rivage. La barge y déposa l’évêque, ses compagnons et ses ornements, sa chapelle portative, quelques provisions et un peu de vaisselle et de coutellerie, parce qu’on ignorait si la peuplade n’était pas de celles où il faut que les missionnaires donnent les secours spirituels sans espérance d’aucune assistance corporelle.

Une certaine abondance

Mais cette dernière précaution devint inutile dans un lieu où règne une certaine abondance. On choisit la maison la plus spacieuse pour y établir la chapelle et y assembler le peuple. Elle se trouva être celle de James Forbes, pilote, absent, dont la respectable femme, Marie McKinnon Forbes exerça envers les voyageurs apostoliques l’hospitalité la plus généreuse et de la meilleure grâce du monde. Trop honorée de voir un autel élevé dans sa maison, les Saints Mystères s’y célébrer et les autres sacrements s’y administrer, elle ne voulut pas permettre que les missionnaires en sortissent.

Elle se chargea de les nourrir et leur présenta, entre autres choses, du pain qui par sa blancheur et sa qualité ne le cédait à celui d’aucun autre endroit du Canada. Elle prodigua à ses hôtes tous les autres secours qu’ils purent désirer ou qu’elle put imaginer qu’ils désiraient, et lorsque le soir étant venu, ils se décidèrent à aller coucher à bord de leur goélette, pour épargner à sa maison ce surcroît d’embarras, elle n’y consentit qu’après beaucoup d’instances pour les engager à coucher chez elle, offrant de se déloger elle et ses enfants, ce que l’évêque ne voulut pas accepter.

Bruit horrible la rivière

Cependant la peuplade fut bientôt assemblée, la population se bornant à dix ou douze familles, qu’on pouvait réunir dans un coup de sifflet, si le bruit horrible la rivière, très grosse en cette saison, n’eût mis un obstacle invincible à l’effet de tout autre bruit que le sien.

Cette rivière, large d’environ un demi-arpent, est si rapide au printemps, que ce n’est qu’avec la plus grande peine qu’on peut la traverser; et elle se jette au fleuve avec une impétuosité qui éloigne les vaisseaux de son bassin, quoiqu’il soit assez profond pour les recevoir, ils n’y peuvent entrer qu’à marée toute haute, et par un vent du nord-est plus qu’ordinaire; or ce vent ne soufflait pas assez fort quand l’Angélique débarqua ses passagers; elle fut réduite à louvoyer toute cette journée et toute la suivante au-devant du havre.

Une perspective si avantageuse

Au reste, la rivière de Matane serpente fort agréablement et offre aux colons une perspective si avantageuse, qu’il y a lieu de s’étonner que les terres qui la bordent ne soient pas plus recherchées, elles sont aussi fertiles que le commun de celles du district de Québec dont elles font partie. Que serait-ce, si ses habitants, moins occupés du pilotage des vaisseaux, se livraient un peu plus à la culture?

Matane, considéré du côté de l’agrément, tire plus d’avantages des sinuosités de sa rivière que du dérobé par un môle de sable, haut d’environ quarante pieds, et long de près de cent cinquante, qui masque singulièrement cet endroit; la nature en élevant ce môle a très bien servi les pilotes, car à toutes les heures du jour il y en a sur son sommet, qui munis de longues-vues, cherchent à apercevoir des vaisseaux pour s’empresser de les atteindre, à l’envi les uns des autres. Tout le monde sait que le pilotage a enrichi, depuis quelques années, ceux qui l’exercent au-dessous de Québec. 

Il y a 75 ans

En 1946, ouverture de l’entreprise de J.-Antoine Pineau.

En 1946, ouverture du restaurant Georges Robitaille au 233, rue Soucy. À proximité de l’aréna. Fermeture au début des années 1960.

Il y a 50 ans

En 1971, Wilfrid Turcotte (sel à chemin) ouvre dans le parc industriel.

En 1971, Hervé Beaulieu est curé à l’église de Saint-Rédempteur. Il l’est depuis 1968.

Autres éphémérides

Le 29 mai 1680, dans l’acte de confirmation de la seigneurie de Matane à Mathieu d’Amours et signé par Duchesneau, le nom d’Amours est orthographié Damours.

Le 29 mai 1738, naissance de Françoise Tanon, qui deviendra la femme du seigneur Donald McKinnon le 22 avril 1765.

Le 29 mai 1802, Mathew MacNider, marchand écossais de Québec, achète les droits de la succession de Peiras sur la seigneurie de Métis au prix de 105 louis (500 $ à l’époque) sans y faire oeuvre de colonisation.

Le 29 mai 1812, croirait-on que dans une population aussi peu nombreuse que celle de Matane, il se trouve des Canadiens, des Écossais, des Allemands, des Acadiens, des Irlandais, des Anglo-Américains, des Micmacs. C’est néanmoins la pure vérité. Aussi rien n’est-il plus ordinaire que d’y entendre la même personne parler trois ou quatre langues. Ce qu’il y a de plus extraordinaire est que des familles ainsi composées, vivent dans une concorde admirable, au lieu que dans les autres endroits où toute une peuplade est composée non seulement de personnes de la même  « nation », mais encore de la même famille, les haines et les dissensions règnent de la manière la plus scandaleuse.

Le 29 mai 1812, après la mort de M. McKinnon, la seigneurie de Matane, grevée de dettes par la suite d’un commerce ruineux dans lequel son propriétaire s’était engagé, fut décrétée et adjugée à un nommé Fraser, lequel étant mort, sa veuve a épousé M. McGibbons, qui la tient présentement. Cette famille protestante est remarquable par sa probité. Le nouveau seigneur est humain et pourrait rendre heureux tout tenancier qui viendrait prendre des terres en concessions.

Le 29 mai et le 30 mai 1812, du cahier No 7 des Visites à l’Archevêché de Québec, on voit que les 29 et 30 mai, lors de la visite à Matane il y eut «  44 communiants, 9 confirmés, les cérémonies du Baptême suppléés à 9 enfants, 2 baptisés sous condition. Point de fabrique ni de chapelle. Samuel Harrison, protestant, meunier du seigneur, y a épousé devant témoins Marguerite Fournier, catholique.

Le 29 mai 1887, érection d’un nouveau chemin de croix dans l’église de L’Assomption-de-Notre-Dame (Baie-des-Sables), cérémonie présidée par Joseph-Octave Drapeau, curé de Saint-Ulric.

Le 29 mai 1914, naufrage de l’Empress of Ireland au large de Sainte-Luce; le bateau a coulé en 14 minutes faisant 1 012 morts et 465 survivants.

Le 29 mai 1943, lancement de la frégate NCSM Matane K444. Mise en service à Montréal, Québec, le 22 octobre 1943.

Le 29 mai 1961, un feu se déclare sur la goélette Regulus, alors qu’elle se trouve au quai de Matane. Elle est remorquée au large, car elle est considérée comme un danger de navigation. Construite en 1946, elle se consumera et sombrera à une vingtaine de kilomètres à l’ouest de Matane.

Le 29 mai 1975, bienvenue à tous les membres de l’Association d’éducation et d’action sociale qui tient à Matane son congrès annuel. Vive l’A.F.E.A. En cette Année internationale de la femme.