ESPACES F propose jusqu’au 8 août des oeuvres de trois artistes dans D’ici, d’ailleurs

En tant que directeur artistique, photographe et modèle, 2Fik prend des photos de « lui-même » qu’il monte ensuite ensemble pour ne créer qu’une seule image. Arsenal Media - Photo Romain Pelletier

Jusqu’au 8 août, le centre d’artistes ESPACES F, installé au complexe culturel Joseph-Rouleau de Matane, présente les oeuvres de trois des huit artistes qu’il a mandatés pour livrer leur point de vue sur les réalités géoculturelles du Québec. À tous les jours de 13 h à 17 h.

2FIK, Sophie Kurtness et Michèle Waquant témoignent de leur perception de la réalité québécoise. Il s’agit du premier volet de D’ici, d’ailleurs, un projet en continuité avec la mission photographique Québec décapé produite par le centre de 2009 à 2013.

Comme le souligne ESPACES F, ces artistes sont ancrés « ici » tout en provenant « d’ailleurs », d’autres y ont grandi, mais n’y résident plus et d’autres, les premiers, y vivent avec le statut d’autochtone.

2Fik prend des photos de « lui-même » qu’il monte ensuite ensemble pour ne créer qu’une seule image. Arsenal Media – Photo Romain Pelletier

2FIK titille avec humour l’intolérance

Ici, 2FIK incarne Ludmilla-Mary. Avec cette femme à barbe voilée jouquée sur ses talons hauts et ceinte de sa plus jolie ceinture fléchée, il titille avec humour l’intolérance, que celle-ci s’applique à la religion, l’orientation sexuelle ou encore à la couleur de la peau.

En 2019, il s’est promené en Matanie pour en tirer des images hors du commun. Ce qui l’a particulièrement marqué : l’église Saint-Jérôme avec son affiche à vendre. Il présente aussi une vidéo tournée cette année.

Directeur artistique, metteur en scène et modèle de ses photos, 2Fik s’intéresse aux notions d’identité sous toutes ses formes. Né en France d’une famille musulmane d’origine marocaine, il vit et travaille à Montréal depuis 2003. Il vient tout juste de présenter La romance est pas morte au Festival TransAmériques.

Sophie Kurtness devant deux ses oeuvres présentant un simili code QR. Arsenal Media – Photo Romain Pelletier

Sophie Kurtness 

Sophie Kurtness use de l’intermédiaire d’un simili code QR pour dévoiler des images qui illustrent une nature stylisée. Elle s’amuse des décodages qu’imposent aux visiteurs les conventions picturales, l’imagerie traditionnelle autochtone et les outils numériques.

Grâce à l’application Artivive, lorsqu’on met son téléphone intelligent ou sa tablette devant chacune des huit œuvres, on en découvre d’autres à valeur ajoutée autrement plus colorées.

Ce qu’on peut voir en utilisant l’application Artivive. Photo : Capture d’écran

Artiste ilnue de Mashteuiatsh, aux abords du lac Saint-Jean, Sophie Kurtness est diplômée de l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) en art interdisciplinaire. Membre de la Première Nation des Pekuakamiulnuatsh, elle est animée par la volonté de faire connaître et mettre en valeur la culture des Premières Nations.

Michèle Waquant documente la région de Thetford, sous l’angle des vestiges et répercussions engendrés par l’exploitation des gisements d’amiante. Arsenal Media – Photo Romain Pelletier

Michèle Waquant

Enfin, Michèle Waquant documente le « pays de la serpentine », la région de Thetford, sous l’angle des vestiges et répercussions engendrés par l’exploitation des gisements d’amiante, minerai encore considéré dans le Québec des années 80 comme une richesse collective. Ce que du temps de Rabelais on nommait le lin asbeste, cette fibre, matière fabuleuse de nos rêves de grandeur industrielle, est désormais bannie pour sa toxicité dans plus de 67 pays, dont le Canada.

Au menu de son exposition : une vingtaine de portraits des intervenants aux auditions publiques sur l’exploitation des résidus miniers, des coupures de presse ainsi qu’une installation vidéo intitulée Entre avant et après au pays de la serpentine.

Artiste multidisciplinaire née à Québec et vivant en France depuis 1981, Michèle Waquant pratique la vidéo, la photographie, la peinture, le dessin et l’écriture. Ses œuvres ont été diffusées sur la scène nationale et internationale dans le cadre de différentes manifestations en arts visuels et médiatiques. Son travail vidéographique est accessible via la collection du centre Vidéographe (Montréal).