
La Société d’histoire et de généalogie de Matane (SHGM) propose l’exposition intitulée « Matane et sa rivière – d’hier à aujourd’hui », à l’Espace Antoine-Gagnon jusqu’au 23 septembre. Cette exposition réunit plus d’une soixantaine de photos, anciennes et contemporaines, qui racontent la rivière et son impact sur le développement du territoire et la vie de ses habitants.
L’exposition s’ouvre sur un texte de Stéphen Poitras, géographe, décrivant le paysage de Matane lors de la période postglaciaire, il y a 14 000 ans, alors que la ville reposait sous 80 mètres d’eau. Le lac à Luc, bien visible sur les photos, reste un vestige de cette époque.
Au 17e siècle, revenus à des proportions plus humaines, la rivière et son havre d’abri éveillent l’intérêt des explorateurs européens. Déjà fréquentés par les Autochtones, le cours d’eau et son embouchure se révéleront un site favorable à la traite des fourrures et le castor, convoité par les chapeliers français, deviendra en quelque sorte la mascotte de notre histoire régionale.
Plus de trois siècles plus tard, Matane souligne cette page d’histoire par l’inauguration de la place des Rochelais avec en vedette, le Jehan, réplique d’un trois-mâts rappelant la participation des marchands rochelais à ce commerce.
À la fin du 19e siècle, c’est au tour d’un Britannique de s’intéresser à la rivière. William Price y voit un cours d’eau propice à la drave, un accès facile à des ressources forestières et un havre donnant sur le fleuve, mais à l’abri des tempêtes, autant d’éléments favorables à l’implantation d’un moulin à scie. En 1920, une autre industrie forestière s’amène à Matane, la Hammermill Paper qui nécessite l’aménagement d’installations portuaires plus modernes et plus imposantes. L’industrie maritime prend de l’expansion et en 1950, Matane possède le port le mieux équipé et le plus achalandé sur la rive sud. Une vingtaine de photos couvrant cinq décennies illustrent l’impulsion économique et démographique que l’industrie forestière donne au petit village de Saint-Jérôme jusqu’à en faire une ville en 1937.
La rivière est plus qu’un acteur économique pour la population et les archives photographiques le montrent bien. Amis et parents en pique-nique au cap-des-Pilotes, balade en canot ou en yacht sur les eaux calmes de la baie, quais encombrés de pêcheurs à l’éperlan, les abords de la rivière sont un lieu de rencontres et de loisirs pour les Matanais. Même en hiver, alors que la navigation est à son point mort, la baie se transforme en aérodrome ou en piste de course de chevaux. Cinquante ans plus tard, la rivière gelée devient patinoire pour de jeunes hockeyeurs ou accueille, en plein centre-ville, des amateurs de pêche blanche.
Si la rivière est généreuse avec sa communauté, elle peut également être destructrice : crues printanières érodant et inondant routes, terrains et bâtiments ainsi que débâcles emportant ponts et écluses. Des efforts, souvent vains, seront tentés pour la domestiquer avant de s’orienter vers la mise en valeur de la beauté de son paysage et de son potentiel touristique. Apparaissent alors le parc des Îles au centre-ville de même que la promenade des Capitaines qui remplace les vieux quais de bois désaffectés et protège les berges et les résidences avoisinantes. On aménage le barachois et la marina, un complexe hôtelier s’y construit. Élément central de ce paysage revalorisé, la rivière elle-même. Après avoir été réservée aux étrangers, la rivière est déclarée publique en 1945. Avec son titre d’une des meilleures rivières à saumon au Québec, elle est depuis notre meilleure ambassadrice au pays et chez nos voisins du Sud.
Cette exposition est une collaboration de bénévoles de la SHGM : Jean-Guy Desjardins à l’impression des légendes et photos, Danielle Otis et Serge Alain Ouellet à la sélection des photos et aux textes. L’impression des documents grand format a été réalisée par Normand Ouellet et Chantal Tremblay.
Source : Communiqué de presse, Société d’histoire et de généalogie de Matane.