
Un groupe de cinq organisations environnementales demande la fin du régime d’exception qui prévaut à l’égard du caribou forestier de la Gaspésie.
Environnement Vert Plus, le Comité de protection des monts Chic-Chocs, la Société de Conservation ZICO de la Baie de Gaspé, Nature Québec et la Coalition Québec meilleure mine font cette requête alors que l’article 9 du Règlement sur les habitats fauniques interdit l’exploration minière dans l’habitat des espèces menacées et vulnérables, sauf dans le cas de l’habitat du caribou de la Gaspésie.
L’article 12.1 complète cette exception, en mettant en place certaines exigences pour l’exploration minière sur ce territoire. Le groupe soutient que le caribou est particulièrement vulnérable à ce type d’activité industrielle.
La coalition demande également un élargissement décent de l’habitat légal de l’espèce menacée ainsi que la fin de la présence de l’industrie minière dans son habitat.
« Il n’y a aucune raison que de toutes les espèces menacées ou vulnérables au Québec, on autorise des forages dans l’habitat essentiel d’une seule espèce et même là, d’une seule population : le caribou de la Gaspésie. Dans les autres habitats légaux de toutes les espèces menacées ou vulnérables au Québec, ce n’est pas permis. On veut que cette situation soit régularisée », réclame le porte-parole d’Environnement Vert Plus, Pascal Bergeron.
En Gaspésie, les écologistes n’ont pas un portrait clair des impacts dans le secteur du mont Albert alors qu’ils calculent qu’entre 15 et 20 forages ont été effectués en plus d’autres activités minières dans ce secteur depuis 2001.
« On n’a pas un portrait complet de ce qui s’est passé dans ce secteur depuis la mise en place de cette exception, les impacts de ces travaux. Chaque fois qu’on fait un forage, on fait un chemin et on crée des perturbations linéaires qui sont le principal véhicule pour les prédateurs. Ça, c’est un aspect important de l’activité minière. L’autre aspect important, c’est une activité beaucoup plus nuisible que les activités forestières », mentionne M. Bergeron.
Le groupe demande donc sa levée immédiate par le retrait de la mention « autre que celui du caribou des bois, écotype montagnard, population de la Gaspésie, eu égard à la partie de cet habitat située à l’extérieur des limites du parc national de la Gaspésie » et le retrait de l’article 12.1 qui prévoit un avis écrit lors de travaux d’exploration.
« On dit minimum d’un kilomètre, mais dans certains secteurs, ça peut aller jusqu’à 14 kilomètres la distance. C’est le type de développement industriel qui est potentiellement le plus préjudiciable au caribou. C’est important d’avoir une zone tampon entre le peu d’habitat qu’on concède, soit le parc de la Gaspésie et quelques verrues et toute activité minière. Ça ne sert à rien de donner des claims près du parc car il y aura plusieurs secteurs qui vont devenir impropres pour le caribou », soutient le porte-parole.
C’est pourquoi la coalition demande également l’élargissement de l’habitat légal du caribou de la Gaspésie afin de tenir compte de la superficie de territoire nécessaire à la survie de la population tout en cessant de prendre en compte les intérêts particuliers, forestiers et miniers.
« Ici, [en Abitibi] on a un petit troupeau qui ne compte que neuf bêtes. Autant dans le cas des concessions forestières que les claims miniers, c’est ce qui a détruit et fait en sorte que cette arde est passé de 50 à neuf présentement. C’est exactement ce qui arrivera aux autres ardes menacées dans le Sud du Québec, incluant celui de la Gaspésie, si on continue à explorer. Et s’il y a une mine, c’est la fin carrément du troupeau de caribou. Ce qui s’est passé depuis 40 ans en Abitibi, malgré qu’on avait toutes les données, c’est exactement ce qui s’est passé », prévient le président de l’Action boréale, Henri Jacob.
La coalition demande du même souffle que la ministre des Ressources naturelles et des Forêts et ministre responsable de la Gaspésie, Maïté Blanchette-Vézina, se prévale de son pouvoir prévu à l’article 82 de la Loi sur les mines pour ordonner la cessation des travaux miniers et retirer les claims dans l’habitat légal du caribou ainsi que dans tout rayon additionnel jugé pertinent.
La coalition demande enfin de la transparence quant au processus qui mène à l’établissement d’un habitat légal, notamment afin d’assurer la protection de toutes les populations de caribou du sud du Québec menacées à court terme par l’extraction minière et forestière, soit celle de Val-d’Or, celle de Charlevoix et celle des secteurs Pipmuacan et Péribonka.
Alors que Québec doit dévoiler son plan en juin sur la protection de l’espèce, la coalition estime que sa sortie n’est pas trop tardive.
« Pas du tout. La stratégie est encore en consultation et en élaboration. On sait que le message se rend et que s’il y a une volonté de le prendre en compte, il n’y a pas de retard dans le fait de le transmettre », soutient M. Bergeron qui mentionne être en contact régulier avec le cabinet du ministre de l’Environnement et les responsables de l’élaboration de la stratégie.
« Le message se passe et il n’y a aucun signe qu’on est en retard avec cette demande », ajoute-t-il.
Collaboration Nelson Sergerie – Magaspésie.ca