Pas facile la mairie d’une petite municipalité

Dominique Roy, maire de Les Méchins. Crédit photo : Monmatane.com (Denis Lévesque)

« C’est plate de travailler autant pour presque rien. Pas seulement au niveau du salaire, mais aussi dans le fonctionnement. » Dominique Roy occupe le poste de maire des Méchins pour encore quelques semaines, quelques mois tout au plus. Il assurera la fonction jusqu’à ce qu’on lui trouve un remplaçant.

De toute évidence, l’homme d’affaires ne regrettera pas un seul instant son passage d’un mandat à la tête de la municipalité gaspésienne de près de mille habitants. Il ne regrettera pas davantage les 12 000$ de salaire annuel que la fonction lui rapporte.

Le maire Roy déplore notamment le peu de moyens dont disposent les élus des petites municipalités comme Les Méchins pour régler les nombreux petits dossiers qui surgissent à gauche et à droite. « C’est pas comme avoir une compagnie », constate le maire qui se souvient du jour où il a pris l’initiative d’acheter un petit rouleau à asphalte pour colmater plus efficacement les nids-de-poule qui surgissent dans les rues de la municipalité. « Moi je trouvais stupide qu’on n’ait pas un petit rouleau. Ça fait que je suis parti, j’ai acheté un rouleau, mais ça n’a pas été long que je me suis fait avertir. C’est pas de même que ça fonctionne qu’on m’a dit. Il faut demander la permission au conseil. C’est le conseil qui décide des dépenses », raconte le maire, encore étonné.

Une fonction encadrée par la loi

Si ce type d’initiative est proscrite par la loi, les limitations au travail du maire ne s’arrêtent pas là, soutient Dominique Roy. Même si la Loi sur les cités et villes du Québec prévoit que « le maire exerce le droit de surveillance, d’investigation et de contrôle sur tous les départements et les fonctionnaires ou employés de la municipalité [art. 52]», il s’agit d’un pouvoir très encadré, affirme-t-il. « Le maire n’a aucun droit de fouiller dans les papiers de la municipalité. Le maire demande. Il est élu par le peuple, mais c’est la directrice générale qui a le contrôle sur la municipalité », précise l’élu qui ajoute que l’accès au bureau de la directrice générale de la municipalité lui est interdit si elle en est absente. Et si le bureau municipal occupe une seule pièce à aire ouverte, dit-il, « le maire n’a pas le droit d’en avoir la clé. »

L’idée de fouiller dans les papiers de la municipalité a d’ailleurs bien failli causer des ennuis à Dominique Roy. La recherche d’une facture manquante pour fermer le dossier de construction de l’usine de traitement de l’eau potable auprès du ministère des Affaires municipales lui a valu un sérieux rappel à l’ordre de la part d’un fonctionnaire. Comme l’absence de la facture privait la municipalité de la rondelette somme de 850 000$,  le maire Roy s’est obstiné. « Après l’appel du fonctionnaire, j’ai continué à fouiller et j’ai trouvé le papier. Ça nous a rapporté un million, avec les intérêts. J’ai déposé le papier trois jours avant la date limite. Si je ne fouille pas, on perd le million », ajoute Dominique Roy, visiblement fier de son initiative.

Pas de cours pour être maire

Le maire sortant reconnait que la pente d’apprentissage est abrupte pour un nouveau venu en politique qui accède au plus haut poste d’une municipalité. « Moi je suis entré [en politique] et je m’attendais à être maire des Méchins. Point final. Mais là on m’a dit, faut que tu ailles à la MRC. À la MRC? Pourquoi? », demande Dominique Roy qui se souvient encore de sa première séance du conseil des maires de la MRC de la Matanie. « Je me présente à la première rencontre, raconte-t-il, je reviens à la maison et ma femme me demande : puis, comment ça a été? Je lui ai répondu : j’ai rien compris. Je ne sais pas de quoi ils ont parlé de toute la soirée. »

Aux nombreux dossiers à traiter et aux tâches multiples qu’implique la fonction, s’ajoute le langage parfois étanche utilisé dans le monde municipal auquel il faut s’habituer. « Ça prend du temps pour suivre et être capable de prendre des décisions correctement. Avant, tu y vas avec la majorité, sans savoir pourquoi tu votes », raconte Dominique Roy, plutôt heureux de laisser la chaise de maire à une autre personne.