Saison catastrophique pour la pêche à la crevette

C’est la catastrophe dans l’industrie de la crevette alors que les taux de capture demeurent anémiques.

La situation est telle que certains crevettiers pourraient simplement ne plus prendre la mer alors que les bateaux sont pour la plupart à quai en ce début de semaine.

« Les taux de capture continuent à être très très très bas. Les prix que les transformateurs peuvent nous payer ne peuvent assurer une rentabilité, même au début de l’année où le prix du carburant était à 1 $ ou 1,10 $ le litre. Depuis, le prix du carburant a augmenté d’à peu près 40 %. On est au point où ce n’est pas juste pas rentable. C’est presque impossible de sortir en pêche en raison du déficit instantané qu’on fait à chaque voyage », explique le directeur de l’Office des pêcheurs de crevette du Québec, Patrice Element.

Le taux de capture est d’un peu moins de 50 % pour le moment, selon les estimés de M. Element qui ne veut pas s’avancer sur le fait que la saison de pêche serait virtuellement terminée.

« Je ne sais pas s’il est prématuré de dire que la saison est terminée. Je ne peux pas vous assurer que 100 % des bateaux sont à quai. C’est sûr que si les conditions économiques ne s’améliorent pas, notamment le coût du carburant, avec les taux de capture qu’on a connus cette année, il est peu probable qu’une quantité significative de pêcheurs reprennent la mer », évoque le directeur.

Le futur de l’industrie pourrait se jouer dans les prochains mois, d’autant plus que les quotas doivent faire l’objet d’une révision à la fin de la saison.

« C’est inquiétant pour l’avenir. On est au point où on ne se demande pas juste qu’est-ce qu’on va avoir comme crevette à pêcher l’an prochain, mais on se demande si on va avoir de la crevette à pêcher et si jamais il y avait des volumes à pêcher si ce sera suffisant pour les pêcheurs de prendre la mer et les transformateurs d’ouvrir leurs portes. C’est la situation actuellement », suggère M. Element alors que le mot moratoire a déjà été évoqué au cours de l’été.

Les discussions se poursuivent avec les gouvernements et tous les gens qui gravitent autour de l’industrie.

« On est au point où tout le monde comprend le niveau critique et l’urgence de la situation, mais on est encore au point où on doit développer des solutions concrètes pour les gens du secteur, mais aussi des communautés qui dépendent de la pêche à la crevette », dit-il.

Mais il ne faut pas attendre après les nouveaux quotas car il sera déjà trop tard.

Les résultats des calculs de l’état des stocks et l’analyse qui s’en suit ne viendront que dans plusieurs mois.

« Cette année, il y aura énormément de demandes pour que ces résultats sortent plus rapidement. Il faut commencer à travailler sur des solutions potentielles avant d’avoir des résultats », conclut le directeur.

Collaboration Nelson Sergerie – Magaspesie.ca