
Depuis le 12 décembre et jusqu’au 7 janvier, il est possible de voir l’exposition « Mon monde », à la salle Isabelle Boulay du complexe culturel Joseph-Rouleau de Matane.
Ce projet de médiation culturelle avec l’artiste multidisciplinaire Léonie Therrien-Tremblay de Sainte-Félicité propose les œuvres du groupe d’intégration sociale de l’enseignante Marie-Chantal Therrien du Centre d’éducation des adultes de Matane.
Il s’agit principalement de dessins réalisés à la gouache et au crayon aquarelle, d’un format de 46 x 61cm ( 18 par 24 pouces). Plus une fresque collective de grand format, une impression giclée avec gouache de 65 x 104 cm (25 par 41 pouces).
Outre Léonie Therrien-Tremblay, ces exposant.e.s ayant des besoins particuliers sont : Isabelle Bernier, Mélissa Caron, Suzanne Gagné, Marc-Olivier Gauthier, Diane Marquis, Martin Perron, Nicolas-Ross Pelletier, Yanick Théberge, Katia Tremblay et Francis Turcotte.
Léonie Therrien-Tremblay invite souvent le public à dessiner et peindre lors de ses installations. Cette fois, elle lui propose de dessiner son propre cadavre exquis et/ou à colorier un des neuf près de l’entrée de la salle.

Jeu graphique du cadavre exquis
Au cours de ce projet, Léonie Therrien-Tremblay a demandé à chacun.e des membres de ce groupe d’intégration sociale de dessiner sur une même feuille une partie d’un personnage, de la tête au pied, sans qu’aucun.e ne puisse voir ce qu’avaient fait les autres. Bref, ils se sont prêtés au jeu graphique du cadavre exquis.
Par la suite, elle a retracé le résultat à l’aide des outils numériques et ensuite redessiné chaque contour au crayon sur papier aquarelle.
« Les participant.es, précise-t-elle, devaient imaginer un paysage d’arrière-plan et peindre chaque personnage selon leur imaginaire. Le cadavre exquis qui n’est pas terminé est un souvenir d’un des membres du groupe qui est déménagé. J’ai souhaité laisser l’œuvre telle quelle, afin de dénoter son départ soudain et imprévu.
Par cet exercice, poursuit-elle, le monde de chacun commençait à se révéler par leurs inclinaisons esthétiques. Durant le processus, ils ont été inspirés par des animations de l’ONF ainsi qu’exploré différentes techniques et textures en détournant des objets. Ce projet a précédé la fresque collective et a été la première œuvre collaborative qu’ils ont réalisée. »

Une fresque collective au résultat spontané, sans souci de raffinement, drôle et sans ego
Pour la réalisation de la fresque collective, Léonie Therrien-Tremblay a agit comme médiatrice entre les membres du groupe, afin qu’ils aient un dialogue entre eux, à travers la peinture et le dessin et non pas seulement avec elle.
En répondant à cette question : « Qu’est-ce que tu trouves beau? Devant quoi t’émerveilles-tu? » Ils ont inventé, un motif à la fois, un paysage. Ils ont pratiqué et fait plusieurs études de leur image.
« Le groupe, mentionne-t-elle, travaillait avec concentration et joie dans la salle de classe de mathématique à l’école d’Amours qui devenait un studio de peinture chaque lundi matin.
Par le collage numérique, j’ai recomposé la maquette de leur paysage avec les photographies de leurs gouaches sur papier. Sur le tirage de ce montage, je suis intervenue à nouveau à la gouache. J’ai tenté de m’effacer derrière leur patte respective et reproduire leur gestuelle. Le résultat est spontané, sans souci de raffinement, drôle et sans ego. Je n’ai pas tenté de leur imposer mes préoccupations artistiques, j’ai complètement absorbé leur subjectivité. »
